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La trufficulture consiste à réaliser des plantations d’arbres truffiers dans le but de récolter les truffes qu’ils produiront plusieurs années plus tard.

Mais comment évolue cette cueillette sauvage, devenue culture agricole, depuis la fin de l'âge d'or de sa production et plus particulièrement depuis l'avènement du plant mycorhizé ?
 
Situation actuelle de la Trufficulture :
Sans refaire une nouvelle fois la genèse des raisons pour lesquelles la production de truffe a été divisée par 100 en un siècle, bornons nous à constater que malgré toutes les recherches menées, les connaissances acquises et l'augmentation ininterrompue de la demande et des prix, la production de ce champignon reste en deçà des attentes en regard des efforts accomplis et de la surface de truffières plantées.

Si la découverte de la mycorhization contrôlée, dans les années '70, avait laissé penser que la solution du problème était proche, 50 ans plus tard, la domestication du champignon n’est toujours pas totalement accomplie.
La chute de sa production est enrayée mais le retour des volumes d'antan tarde à venir.

Est-ce d'avoir trop dérivé des techniques de production truffières originelles vers un modèle exclusivement agricole, standardisé, influencé par la modernisation de l'agriculture et modelé par les nécessités de la mécanisation ?

Est-ce d'avoir recréé ces plantations dans les plaines agricoles et fonds de vallons mécanisables à sols profonds, mais moins adaptés à la truffe, au lieu de les avoir restaurés dans leurs biotopes d'origines mais difficiles d'accès pour les machines, sur des flancs de coteaux pierreux de peu de valeur, mauvais causses à sols drainant, anciennes terrasses à vignes ?

Est-ce enfin d'avoir tout misé sur la science et ignoré les interactions biotiques entre les plantes de la communauté végétale et d'avoir finalement traité ces "vergers truffiers" comme une variante de l’arboriculture fruitière ?

Probablement un peu tout à la fois mais un grand nombre de programmes de recherche tendent toutefois à remarquer que la complexité de l'écosystème truffier à visiblement été sous-estimé et qu'il faut sans doute accorder une place plus importante à son écologie, sa biodiversité.
 
Vers de nouvelles pratiques ?
Il ne s'agit pas, dans les lignes qui vont suivre, de remettre à plat l'itinéraire cultural de ceux qui produisent et exploitent avec bonheur un verger truffier mené de façon conventionnelle.

C'est d'ailleurs bien grâce à eux, à leur labeur et à leur persévérance qu'il est encore possible de manger de la truffe au 21s puisque 80% des truffes viennent de la culture !

Qu'un hommage leur soit ici rendu.

Ces grandes plantations doivent composer avec leurs impératifs et si les techniques et pratiques employées fonctionnent et produisent des truffes, c'est que, dans ces cas, les choix sont bons et qu'il ne faut surtout rien changer.
Pour ceux dont les perceptions du milieu naturel ou de l'agronomie sont différentes ou qui constatent que la productivité n'est pas, ou plus, au rendez-vous de leurs efforts, nous voulons faire connaître une piste d'investigation qui commence à rassembler : la Sylvi-Trufficulture.

Cette technique prône le rapprochement de la conduite d'une plantation des conditions d'apparition spontanée des truffes dans leur milieu naturel.

C'est se rapproprier le modèle forestier de l'âge d'or de la production truffière.

Ces principes de permaculture, font maintenant évoluer les mentalités et la nature des vergers truffiers qui, de monovariétaux, se déclinent de plus en plus souvent en plantations mixtes, polyvariétales, voire en biodiversité plus complexe avec couvert végétal varié, préservé et entretenu.

Les essences d'arbres et les strates végétales sont mélangées comme dans une truffière spontanée, y compris avec des plants non mycorhizés, arbres fruitiers ou d'intérêts sylvicoles, arbustes voire plantes aromatiques dont la raison d'être est uniquement de recréer le biotope mêlé tel qu'on peut le rencontrer dans la nature.

Cette association des espèces intègre le potentiel des effets "facilitateurs" de plantes compagnes sur la truffe en améliorant le fonctionnement de l'écosystème global.

De Bosredon, un des premiers spécialistes de la trufficulture remarquait déjà en 1887 "qu'il existe des arbustes qui, sans être producteurs eux-mêmes, secondent si heureusement l'action des arbres truffiers, que s'il s'en trouve dans leur voisinage, ce sera toujours au pied de leur tronc, ou près de leur racines que les tubercules viendront se former".

La Sylvi-trufficulture est une nouvelle voie porteuse d'espoir, complémentaire, entre la trufficulture agricole et la sylviculture truffière.
 
Bibliographie :
L'histoire inachevée de la domestication truffière , de Carole Chazoule chercheure à l'ISARA, article publié dans la revue Ruralia.
De la naissance à la mort des truffières , document de synthèse présentant les conclusions de 3 ans de recherches conjointement menées par le CEFE, le CNRS et l'Université de Montpellier 2.
Sous les forêts, la Truffe ! dossier réalisé par Alban Lauriac, ingénieur au CRPF (Centre Régional de la Propriété Forestière).
La Sylvi-trufficulture , synthèse d'une nouvelle approche culturale respectant les équilibres naturels, rédigée par Léon Werlhen ingénieur à l'INRA.